Il était une fois, il y a bien looontemps, dans une province looointaine, un roitelet qui régnait sans partage sur les Zozos, et bien sûr, les Zozettes… Ce peuple s’appelait « la Foule ». Comme toutes les multitudes, la Foule était écartelée entre son adoration pour le monarque et son désir insurmontable de le hacher menu. Il l’aurait bien mérité le bougre tant il était parfois désagréable. Tel son cousin, la créature de Geppetto, il adorait mentir, mais surtout mépriser, se vanter, se mettre en avant et se monter le cou. Comme il était issu du croisement d’un grain de sable de la mer du Nord et d’un caillou des Pyrénées, il possédait un cœur de pierre.
Dans ce royaume aux mœurs bizarres, le roi, bien que choisi parmi l’élite historique et possédante, s’offrait le luxe de se faire régulièrement adouber par la masse servile à laquelle on donnait pendant deux dimanches, la possibilité de croire en son pouvoir. Comme le futur vainqueur était toujours opposé à une créature monstrueuse, l’électeur s’en retournait le lundi rassuré et plein de confiance en un avenir radieux.
Mais, comme un futur sans lendemains qui déchantent serait bien ennuyeux, Pinoku s’empressait de renier ses promesses de repentir et repartait comme en 14 dans ses délires liberticides. Baptisé jadis par les bons pères jésuites, il connaissait l’art et la manière d’emmerder son monde. Ne lui vint-il pas un jour à l’idée de décider que ses sujets vivaient trop longtemps ? Qu’ils jouissaient d’un repos qui nuisait à Son intérêt général ? Qu’il les trouvait paresseux et inadaptés à subir les lois du marché moderne et les griffes du chat gépété. Il fit donc prendre par la Cour de ses ministres zélé(e)s et grassement appointé(e)s, une loi qui devait raccourcir l’existence de nombreux vieux surnuméraires et de moins vieux malchanceux.
La foule pas folle ne l’entendit pas de cette oreille et menée par ses guides suprêmes elle entama de longues processions, fit de nombreux concerts d’instruments divers, pétitionna, revendiqua, menaça… Rien n’y fit. On crut alors que le roi était sourd et certains étaient même prêts à compatir du fait de son handicap. Que nenni, l’ouïe du prince était au top, car il se mit à entonner sans fausses notes un vieux chant de nos montagnes. Rassuré sur sa santé auditive mais néanmoins affligé par ce foutage de gueule, les Zozos et les Zozettes décidèrent de sonner la fin de la partie…
Voici les premiers mots d’un conte qu’il nous appartient de continuer à écrire ensemble…
Riton