Increvables anarchistes…

Sans en remonter à la révolte des esclaves de la Rome antique ni aux jacqueries du Moyen-Age, les Éditions libertaires, dans un ouvrage somme consacré aux anarchistes nous font (re) découvrir leur histoire depuis la Commune jusqu’à l’avant 68.

S’il est des gens et des principes qui ont su résister aux diverses répressions tout autant qu’au confort des compromissions, ce sont bien eux et leurs foutues idées.

Malgré l’ostracisme et les représentations négatives dont ils furent, voire sont encore, victimes de la part de l’État et des obscurantistes de tout poil mais aussi de bureaucrates se prétendant sauveurs du peuple, les libertaires ont traversé le siècle dernier : joyeux, solidaires et leurs rêves ont bercé nos adolescences tourmentées.

Les vieux copains de la CNT espagnole m’ont accueilli, alors que, à peine sorti du ghetto stalinien, plein de contradictions, secoué par le mouvement de mai, je cherchais mon chemin, ils m’ont offert leur cœur et ouvert ma conscience. Ils m’ont parlé de périodes inconnues de l’histoire de ma classe sociale et mis en garde contre les pièges dans lesquels le système apprécie que l’on tombe à vingt ans. J’ai découvert leur révolution et son œuvre qui ne se limitait pas à quelques épisodes guerriers. J’ai combattu avec les objecteurs de conscience chers à Louis Lecoin et conchié l’armée et la justice bourgeoise (qui sut me le rappeler), j’ai apprécié les conférences d’Aristide Lapeyre et découvert le rationalisme, J’ai compris l’importance de l’éducation populaire, de Francisco Ferrer à l’expérience de l’école Bonaventure, j’ai chanté du Brassens et du Ferré à tue-tête le soir de la mort de Franco…

Bref, ce livre c’est du lourd, autant par son poids que par son contenu. Les textes et les illustrations sont le reflet de l’époque et nous bousculent dans nos certitudes ou dans nos doutes. Aujourd’hui, dans ces temps inquiétants, se référer à l’histoire du mouvement libertaire et en tirer les leçons, nous offre un coin de ciel bleu. L’apparition du concept de sabotage, mot tabou s’il en fut, sur des pancartes dans les récentes manifs et l’accueil curieux et souvent sympathique des compagnons anarcho-syndicalistes diffusant leurs tracts ou leur canard, redonne de l’espoir.

Décidément, les anarchistes sont loin de crever…

Henri Cazales / Radio-Asso.

« Increvables anarchistes. Histoire(s) de l’anarchisme, des anarchistes et de leurs foutues idées » aux Editions libertaires.

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